UNESCO et Semaine Africaine : l’édition 2022 s’est achevée avec une nouvelle dynamique

Danseur en masque venu de Côte d'Ivoire@AAFC
Danseur en masque venu de Côte d’Ivoire@AAFC

Une impulsion au sein du groupe Afrique pour une action plus élargie sur ce rendez-vous annuel dont l’édition 2022 a été partagée entre célébration et gravité. Célébration d’abord, quant à l’effervescence de l’Afrique. Gravité ensuite, à cause de l’urgence des solutions à la crise alimentaire et à un développement auto-suffisant. Une nouvelle dynamique enfin, dans la mobilisation des compétences des délégués permanents, des experts externes à l’Unesco et de la diaspora.

C’est une Afrique fière, jeune, conquérante, résiliente, riche de sa diversité, et désireuse d’échanges qui s’est illustrée au siège de l’Unesco. Une Afrique désireuse de laisser son empreinte, de se faire voir, de se réinventer. Ouverte au nom du président ivoirien Alassane Ouattara par Mariatou Koné, ministre ivoirienne de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, marquée de la présence de Xing Qu, directeur général adjoint de l’Unesco représentant la directrice générale Andrey Azoulay, la semaine africaine de l’Unesco s’est achevée le 25 mai en apothéose, comme habituellement, par une soirée de gala.

Spectacle d'ouverture en présence des délégués permanents et de Xing Qu, directeur général adjoint de l’Unesco @AAFC
Spectacle d’ouverture en présence des délégués permanents et de Xing Qu, directeur général adjoint de l’Unesco @AAFC

Une effervescence également remarquée du côté des délégués permanents des pays qui, pour cette édition, ont repensé l’organisation et le contenu des commissions de réflexions en les transformant en « Commissions scientifiques ». Une nouvelle perspective que s’est donné le groupe Afrique présidé par Souleymane Jules Diop, délégué permanent du Sénégal, pour mobiliser les compétences africaines internes et externes.

Une commission scientifique pour « mettre à profit les compétences »

La tâche d’animer la nouvelle formule des rencontres scientifiques à été confiée à Henri Ossébi, délégué permanent du Congo, ancien ministre et sociologue. Henri Ossébi, également vice-président du conseil exécutif a dit à la presse qu’il s’agissait de « mettre à profit l’expertise et les parcours notables des ambassadeurs résidents », avant de préciser que le Groupe Afrique souhaitait désormais « (…) donner plus de volume à la réflexion, au choix des thèmes, au choix des animateurs », expliquant que la contribution des ambassadeurs résidents « ne serait plus seulement sous l’angle de tout ce qu’ils peuvent amener au profit de leur pays, mais sous celui des contributions pour approfondir les domaines de compétence de l’Unesco ».

Henri Ossébi saluant Mariatou Koné, entourée de Henok Teferra Shaw et de  Souleymane Jules Diop@CI
Henri Ossébi saluant Mariatou Koné, entourée de Henok Teferra Shaw et de Souleymane Jules Diop@CI

Le sociologue et ancien ministre congolais a poursuivi en précisant en ces termes : « Comme  l’Unesco, pour l’essentiel, est constitué de personnes qui ont des parcours intellectuels admirables, mettons à profit ces parcours, mobilisons ces ressources, mobilisons la diaspora pour essayer de donner autre chose que ce que nous faisons habituellement. Voilà le sens de ces animations. » L’édition 2022 de la semaine africaine aura pris ce nouvel élan avec la participation d’experts externes comme notamment le doyen Doudou Diène, juriste et diplomate sénégalais, expert en questions de discriminations raciales et Wilfrid Lauriano Do Rego, coordonnateur du conseil présidentiel français pour l’Afrique, suivi de témoignages d’Africains de la diaspora sur leur vécu, leur parcours et leur apport au continent.

1,5 milliards de dollars d’aide en urgence pour faire face à l’insécurité alimentaire

 Une annonce en visio-conférence d’Akinwumi Ayodeyi Adesina, président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) en conférence inaugurale intitulée « Autosuffisance, résilience et développement économique de l’Afrique »; une prise de parole sur l’urgence à trouver des solutions face à la crise alimentaire.

Akinwumi Ayodeyi Adesina délivrant son message en visio-conférence@AAFC
Akinwumi Ayodeyi Adesina délivrant son message en visio-conférence@AAFC

Le président de la BAD a également présenté les efforts en financement pour booster l’investissement des femmes, actrices incontournables du développement économique en Afrique : 500 millions de dollars débloqués cette année pour leurs activités créatrices de richesses. Dans cette quête, Akinwumi Ayodeyi Adesina a appelé à une contribution de tous les pays à faire face à la crise et nourrir l’Afrique à long terme, citant en exemple l’Ethiopie qui se positionne en pays exportateur de blé d’ici 2023, avec toutefois des besoins en partenariat pour développer l’agriculture intensive. Une opportunité offerte à d’autres pays.

Face à la situation alarmante de l’insécurité alimentaire aggravée par la sécheresse accrue, les  prestigieux intervenants aux tables-rondes ont souhaité des débats « dans un cadre franc », « sans détours » « pour répondre aux populations dans le besoin ». Ainsi, Henok Teferra Shaw, délégué permanent de l’Ethiopie, assurant  la modération des débats introductifs, a relevé le  « scandale » de la situation par ces mots : « (…) l’Afrique renferme 800 millions d’hectares de terres non cultivées, plusieurs kilomètres d’eaux souterraines et une population jeune. Nous sommes encore  importateurs de produits de base, c’est un scandale compte tenu de ces atouts.»

Quelques délégués permanents du Groupe Afrique et leurs invités : Doudou Diène, Françoise Remarck,Siandou Fofana et Mariatou Koné,@AAFC
Quelques délégués permanents du Groupe Afrique et leurs invités : Doudou Diène, Françoise Remarck,Siandou Fofana et Mariatou Koné,@AAFC

Au cœur des enjeux mondiaux, l’Afrique doit par conséquent relever plusieurs défis et définir ses priorités pour un développement économique conséquent. Pour sa part de stratégie, l’Ethiopie met l’accent sur le petit exploitant agricole, le plaçant avant les entreprises. Le Sénégal, sur la terre et la canalisation de l’eau pour combler l’absence d’irrigation des terres. Ce sont là les conditions nécessaires mais pas suffisantes pour le développement agricole, ont tranché à l’unanimité les intervenants. « Capital », « qualification », « formation » « éducation », « ingénieurs » « énergie à bas coût », « industrialisation » « mécanisation », « engrais biologiques », « employabilité des jeunes », « investissements en PPP », « développement et financement des secteurs privé et informel », « mobilisation des talents et de la société civile », ont été les maîtres mots des différentes tables-rondes modérées successivement par Henok Teferra Shaw, délégué permanent de l’Ethiopie et Dominique Dupuy, déléguée permanente d’Haïti.

Une jeunesse résiliente et innovatrice qui gagne

Espoir du continent, la jeunesse africaine apporte une nouvelle vitalité dans le domaine agricole. Une jeunesse consciente et fière de son identité,  connectée et ouverte au monde et qui innove sans complexe. Une table-ronde consacrée aux entrepreneurs dans la transformation agricole : jus, chocolat, vin, céréales et bien d’autres produits, avec la présence remarquée de Aïssata Diakité, créatrice franco-malienne de jus de fruit, PDG du Groupe @zabbaan spécialisée dans l’agro-alimentaire Equitable et du célèbre ivoirien Axel-Emmanuel Gbaou, fabricant du « meilleur chocolat du monde » distingué cette année au salon de l’agriculture de Paris.

Pour Siandou Fofana, ministre ivoirien du Tourisme et des Loisirs « la résilience, qui est la capacité à se surpasser, a construit l’Afrique. Elle viendra  également de sa jeunesse qui apporte créativité et ingéniosité, une dynamique plus forte pour des solutions de demain, une nouvelle créativité pour une nouvelle Afrique. Pour cela, l’Afrique a des chances de croire en elle ». Mais l’absence d’industrialisation reste la grande faiblesse du continent, dont certains pays tentent de financer par la pratique des contrats en partenariat public-privé (PPP).

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« Mettre à profit la force africaine de la culture »

S’interrogeant sur le thème général, l’analyse de l’expert et diplomate sénégalais Doudou Diène a été « d’inscrire les débats dans le temps. » Elargissant sa réflexion, pour lui, c’est à l’Afrique « d’apporter plus d’humanité au reste du monde ». Pour cela, il faut utiliser « la force africaine de la culture, les valeurs humaines et la spiritualité qui traduisent notre force intérieure. La création artistique est le porte-flambeau du continent par la richesse de ses œuvres, de ses livres, de sa danse, de sa mode et  de sa cuisine », a précisé Doudou Diène diplomate sénégalais.

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Comme à chaque édition, l’Afrique a démontré une riche production artistique. Ce qu’a relevé  Patrick Achi à la cérémonie de clôture : “Cette nouvelle scène africaine créative aux multiples visages, connectée dans son énergie commune, libre dans ses impulsions, rayonnante dans son influence planétaire, nous la voyons se diffuser dans la mode, dans la musique, dans le cinéma, dans l’art contemporain ou la création culinaire, d’Abidjan à Kinshasa, de Dakar à Kigali, de Casablanca à Kampala, de Lagos à Joburg…

Elle incarne et diffuse cette Afrique nouvelle, plus audacieuse et confiante, plus responsable et influente. Ce patrimoine de créativité, d’œuvres et de talents n’est plus aujourd’hui seulement contemplé pour sa beauté, sa pluralité, mais il est aussi devenu une véritable industrie, source de richesse et de développement tant nationales que continentales”. La Côte d’Ivoire étant à l’honneur, une forte délégation avait pris part aux débats, avec la présence remarquée de Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie. L’édition 2022 de la semaine africaine a enregistré la présence de plusieurs délégations africaines venues exposer les richesses culturelles de leurs pays.

Carmen Féviliyé

Salon des auteurs - Scheena Donia auteure de la BD "C'est maman qui commande"@AAFC
Salon des auteurs – Scheena Donia auteure de la BD “C’est maman qui commande”@AAFC

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France