La capitale française a abrité les 22, 23 et 24 avril l’événement littéraire de l’année au Grand Palais Ephémère. Avec l’Inde comme pays invité, « Habiter le monde, raconter le monde et imager le monde » a été le triptyque pour rassembler auteurs, éditeurs, libraires, lecteurs, passionnés, journalistes, intervenants, personnalités venus du monde entier. Ceci pour célébrer le livre et la lecture au Grand Palais Ephémère ainsi qu’à divers lieux emblématiques « Hors les murs » dans la capitale. Une affluence au Pavillon Africain avec la présence très remarquée du Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr, Prix Goncourt 2021.
Quarante ans après la première édition du Salon du livre de Paris, Porte de Versailles et après deux annulations successives en 2020 et 2021 du fait de la crise sanitaire, le Festival du Livre de Paris est le nouvel événement organisé par Paris Livres Evénements, filiale du Syndicat national de l’édition. Durant trois jours, à partir du centre de Paris, le Grand Palais Ephémère, la première édition du nouveau festival a investi quelques grands lieux emblématiques de Paris, faisant écho à la volonté des autorités qui ont déclaré la littérature grande cause nationale en France afin de répondre à la baisse du lectorat. Un événement également organisé dans le cadre de la semaine mondiale du livre et de l’éditeur. La nouveauté 2022 a été de déplacer les débats et table-rondes « Hors les murs » du Grand Palais Ephémère, dans des lieux emblématiques de Paris : Panthéon, Petit Palais, Ecole Militaire, Maison de la Poésie, Académie du Climat, Amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne, Hôtel de l’Industrie.
Le festival a été le reflet de la diversité de l’édition française et de la créativité des auteurs. Une diversité également de l’édition d’ailleurs, comme l’Inde, pays invité et de celui de l’Afrique qui a compté de nombreux prix littéraires en 2021 (Prix Nobel de la littérature à Abdulrazak Gurnah de Tanzanie, Prix Goncourt à Mohamed Mbougar Sarr du Sénégal, Booker Prize à Damon Galgut d’Afrique du sud, Booker International Prize 2021 à David Diop, Prix International de Littérature Neustadt 2022 à Boubacar Boris Diop, grand prix panafricain de littérature de l’Union africaine à la romancière camerounaise Osvalde Lewat), représenté par le Pavillon Africain, seul espace entièrement dédié à la littérature du continent et de sa diaspora.
L’Afrique en bonne place avec des auteurs exceptionnels
Organisé par l’Agence Culturelle Africaine (ACA) fondée par Aminata Diop Johnson, actuelle directrice, le stand 1130 du Pavillon Africain a compté plus de 300 titres. Parmi les auteurs en dédicace, avec notamment la maison d’édition Présence Africaine : Géraldine Faladé pour « Turbulentes », Rama Salla Dieng pour « Féminismes africains », Scheena Donia pour « C’est maman qui commande », Valérie Cadignan pour « L’enfant du morne », Charline Effah pour « La danse de Pilar », Fatimata Diallo Ba pour « Des cris sous la peau », Seydi Sow pour « L’étreinte du mal », Ken Bugul pour « Le trio bleu », Boubacar Boris Diop Murambi pour « le livre des ossements », Mohamed Mbougar Sarr pour « La plus secrète mémoire des hommes », Moussa Cissé pour « Les Héroïnes du quotidien – Elles ont osé ! », Barbara Ndimurukundo-Kururu pour « Anthologie des épithalames burundais ».
Un programme tout aussi riche au Pavillon Africain « Hors les murs » au Palais de l’Industrie, Place Saint-Germain des Près avec Mohamed Mbougar Sarr, Ken Bugul, Sami Tchak, Racine Senghor, Jean-Luc Aka-Evy, Sheena Donia, Fatimata Bâ et bien d’autres participants aux tables-rondes sur des sujets d’actualité comme « Féminismes africains d’hier et d’aujoud’hui », « Imager l’Afrique : regards croisées sur les engagements de l’écrivain africain », « Habiter l’Afrique » ou encore « La parentalité : éducation et transmission ». Une table-ronde sur l’économie du livre, spécifique aux éditeurs africains, pour mettre l’accent et débattre des problématiques de l’édition en Afrique. Le Pavillon Africain au Festival du Livre a été également la célébration de l’inscription au Patrimoine universel de l’humanité du plat sénégalais le Ceebu jën et la Rumba congolaise autour d’un diner assis avec la présence de Jean-Luc Aka-Evy, écrivain philosophe et ambassadeur du Congo au Sénégal. Une table-ronde a d’ailleurs été consacrée à cette inscription à l’Unesco avec des experts en art culinaire et musique.
Rappelons que les lettres africaines avaient été portées avec brio par le Congo-Brazzaville avec le grand et beau stand vert « Livres et auteurs du Bassin du Congo » au Salon International du Livre de Paris, Porte de Versailles, de 2010 à 2016, cédant la place à la Côte d’Ivoire en 2017 et 2018. Pour le Festival du Livre de Paris, la République du Sénégal, qui assure la présidence en exercice de l’Union africaine, a pris le relais. Ce qui pourrait expliquer la forte représentation des livres, auteurs et éditeurs Sénégal au stand 1130. Friands de ces rendez-vous culturels, les amateurs de littérature africaine auraient toutefois aimé découvrir plus de régions d’Afrique sur le stand dédié.
L’ambiance au Grand Palais Ephémère a été incroyable et l’affluence exceptionnelle. A n’en point douter, rendez-vous l’année prochaine, même ville, même endroit, pour une nouvelle édition du Festival du Livre de Paris, les 21-22-23 avril 2023.
Carmen Féviliyé