Ethiopie : Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, accueille les 5 et 6 février son sommet qui s’annonce houleux

Slogan annonçant le sommet de l'Union africaine les 5 et 6 février 2022 dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. (EDUARDO SOTERAS / AFP)
Slogan annonçant le sommet de l’Union africaine les 5 et 6 février 2022 dans la capitale éthiopienne, Addis-Abeba. (EDUARDO SOTERAS / AFP)

De la pandémie de Covid-19 aux coups d’Etat à répétition, en passant par le statut d’Israël comme “membre observateur”, l’ordre du jour risque de diviser l’organisation panafricaine qui fête ses vingt ans.

Après deux années de réunions virtuelles en raison de la crise du Covid et de la guerre au Tigré, Addis Abeba accueille en présentiel les 5 et 6 février 2022 le sommet de l’Union africaine. Il y a à peine trois mois, les étrangers fuyaient la capitale éthiopienne, leurs ambassades craignant que les rebelles du Front de libération du peuple du Tigré fondent sur Addis-Abeba. Mais cette semaine, les délégations de toute l’Afrique y affluent pour le sommet de l’Union africaine (UA).

Addis-Abeba loin du Tigré

L’accueil de ce sommet “peut certainement être considéré comme une victoire politique de l’Ethiopie”, estime Imogen Hooper, analyste au centre de réflexion International Crisis Group (ICG), qui rappelle que le gouvernement “a fait énormément pression pour que ce sommet ait lieu physiquement (et non en visioconférence), car cela donne un sentiment de normalisation”.

L’UA célèbre ses vingt ans avec un agenda très lourd, mais malgré une longue liste de problèmes à aborder, comme la pandémie de Covid-19 et les récents coups d’Etat sur le continent, les analystes s’attendent à ce que la question d’Israël soit longuement débattue durant ce sommet.

Israël “membre observateur” ?

L’Afrique du Sud et l’Algérie, très opposées à Israël, ont mis la question de son statut d’observateur à l’ordre du jour du sommet des chefs d’Etat de l’organisation. Un statut défendu par de nombreux pays africains, notamment le Maroc et le Rwanda, qui entendent bénéficier de ses conseils pour l’agriculture, la technologie ou la lutte contre le terrorisme.

Le sujet, hautement sensible, pourrait donner lieu à un vote qui entraînerait vraissemblablement une scission sans précédent. “Vingt ans après la formation de l’Union africaine survient le premier problème qui va sérieusement diviser” l’organisation, souligne Na’eem Jeenah, directeur exécutif de l’Afro-Middle East Center de Johannesburg.

La situation en Libye, l’incertitude en Somalie, la guerre larvée dans le Tigré en Ethiopie, le conflit autour du remplissage du Grand barrage de la renaissance (GERD) opposant l’Egypte et le Soudan à l’Ethiopie font partie des dossiers à faire avancer les 5 et 6 février. Mais l’actualité brûlante des coups d’Etat à répétition qui traversent le continent risque de fortement perturber le sommet des chefs d’Etats et de gouvernement qui couronne habituellement les sommets de l’UA. Plusieurs pays sans président légitime ne seront pas représentés.

Multiplication des coups d’Etat militaires

Les pouvoirs en place ont été renversés au Soudan, au Tchad, au Mali, en Guinée et au Burkina Faso. Mardi 1er février, Umaro Sissoco Embalo, président de la Guinée Bissau, a échappé de justesse à un coup de force. Dans un discours mercredi 2 février aux ministres des Affaires étrangères réunis avant le sommet des chefs d’Etat, le président de la Commission de l’UA, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a condamné une “résurgence inquiétante des coups d’Etat militaires qui, non seulement, ne renvoient pas une image positive de notre continent, mais sont des sources d’instabilité socio-politique préjudiciables à tous les efforts de développement”.

Samedi 5, le président sud-africain Cyril Ramaphosa fera un point sur la réponse africaine à la pandémie, près de deux ans après la détection du premier cas de Covid-19 sur le continent, en Egypte. Au 26 janvier, seuls 11% des 1,2 milliard d’Africains avaient été entièrement vaccinés, selon les Centres africains de contrôle et de prévention des maladies. C’est loin de l’objectif fixé de 70% d’ici la fin de l’année.

Macky Sall à la tête de l’UA

Après Félix Tshisekedi, président de la République démocratique du Congo, c’est le président sénégalais Macky Sall qui prendra les rênes de la présidence tournante de l’Union africaine pour l’année 2022. Il sera donc à la tête de la délégation africaine pour le sommet UE-UA qui se déroulera les 17 et 18 février à Bruxelles.

France Télévisions  Rédaction Afrique
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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France