À Perpignan et à Brazza, dernier hommage à l’ancien président congolais Pascal Lissouba

Funérailles de l’ancien président congolais, Pascal Lissouba. Une messe a été donnée en son honneur, ce lundi 31 août 2020, dans la basilique cathédrale Saint Jean-Baptiste de Perpignan, en France. Florence Morice/RFI
Funérailles de l’ancien président congolais, Pascal Lissouba. Une messe a été donnée en son honneur, ce lundi 31 août 2020, dans la basilique cathédrale Saint Jean-Baptiste de Perpignan, en France. Florence Morice/RFI

Les funérailles de l’ex-chef d’État se sont déroulées Perpignan, dans le sud de la France. Conformément au souhait de sa famille, c’est là qu’il a été inhumé « provisoirement » en attendant que les « conditions » soient réunies pour son retour dans son pays – où ses partisans avaient organisé un hommage. Pascal Lissouba vivait en exil depuis vingt-trois ans, depuis qu’il avait dû quitter le pouvoir au profit de Denis Sassou Nguesso, à l’issue d’une guerre meurtrière.

C’est une cérémonie de plus de trois heures qui s’est déroulée dans le calme, en présence, à l’extérieur, de la police municipale et nationale qui cragnait de possibles heurts.

Avant l’arrivée du cercueil, accueilli par des applaudissements et quelques poings levés, plusieurs partisans de l’ancien président ont entonné des chants en son honneur, scandés au son de « Au Congo, ça ne va pas ».

Au cours de la messe, ses proches qui ont pris la parole ont dressé de lui le portrait d’un intellectuel, attaché à la « démocratie et à l’émancipation de son peuple », selon les mots de son fils cadet, Jeremy Lissouba. Un homme qui aurait « souffert de son exil » et d’avoir été « incompris », « privé du son rêve de développement », a estimé Mireille Lissouba, sa fille ainée. Elle s’est exprimée en premier et a conclu son hommage sur ces mots: «  Un jour, un jour il repartira chez lui », ce qui a déclenché des applaudissements.

Parmi les personnalités politiques présentes : Pascal Tsaty Mabiala, actuel Premier secrétaire de UPADS, le parti fondé par Pascal Lissouba, mais surtout plusieurs de ses anciens collaborateurs, eux aussi en exil, comme son ancien ministre du Pétrole, Benoit Koukebene, celui de la Justice, Joseph Ouabari Mariotti et des partisans de la diaspora.

Le maire de Perpignan, l’élu Rassemblement national Louis Aliot, a assisté à la messe. Le Congo était représenté par son ambassadeur en France, Rodolphe Adada, aux côtés de rares membres de la fédération française du PCT, le parti de Denis Sassou-Nguesso. Le président de cette fédération a finalement invité ses militants à ne pas participer « pour raisons de sécurité », estimant qu’ils « n’étaient pas les bienvenus ».

Un besoin de véritable réconciliation

Joint par RFI, Pascal Tsaty Mabiala estime qu’il revient à la famille et elle seule de définir les « conditions » pour le retour de la dépouille du président mais à ses yeux, s’il doit y avoir un préalable, c’est une véritable réconciliation.

Toute guerre se conclut par un traité de paix. Je crois qu’aujourd’hui, le président Sassou a un problème de conscience avec lui-même de n’avoir pas fait ce qu’il fallait faire du vivant du président Pascal Lissouba.

Dans une allocution diffusée à la télévision publique, dimanche soir , le PCT a finalement rendu un premier hommage officiel au président Pascal Lissouba décédé, à l’occasion de son « inhumation provisoire », par la voix de Arlette Soudan-Nolaut, membre du bureau politique du parti et ministre, qui salue « un patriote et un homme d’État dont le nom mérite d’être inscrit à jamais dans l’Histoire du Congo », tout en rappelant l’appui « décisif » qu’a constitué le soutien de Denis Sassou Nguesso à l’époque de son élection en 1992. Elle précise aussi que « le deuil du président Lissouba ne doit pas être l’occasion de réécrire l’Histoire ».

► À lire aussi: La famille de Pascal Lissouba souhaite rapatrier son corps au Congo-Brazzaville


■ Hommage de ses partisans à Brazzaville

Les cadres et militants de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), des anciens ministres et bien d’autres invités lui ont rendu un dernier hommage ce lundi 31 août, rapporte notre correspondant sur place, Loïcia Martial.

Après avoir coché quelques phrases dans le livre des condoléances, deux de ses anciens ministres Grégoire Lefouoba et Bonaventure Mbaya ont trouvé des mots pour rendre hommage à l’ancien dirigeant. « Le nom de Lissouba est et a toujours été la forme contractée de la renaissance du patriotisme et du panafricanisme ; surtout du patriotisme », a déclaré M. Lefouoba.

« Pour nous, Lissouba a été l’un des pères de la démocratie parce que lorsque nous avons tenu la conférence nationale (qui a ouvert le pays au multipartisme en 1991), lui et les André Milongo, Jean-Pierre Thystère Tchicaya et Bernard Kolélas en ont été les acteurs », a affirmé pour sa part M. Mbaya.

À la chute de Pascal Lissouba en 1997, Stevy Vivien Tsikamboungou n’avait que 14 ans, mais il le présente aujourd’hui comme son idole. « Il m’a fait croire à un Congo nouveau ; qu’il est possible de développer ce pays avec les sciences et les technologies. Moi, j’y crois. Voilà pourquoi je dis qu’il est resté mon modèle. »

La date d’inhumation du 31 août du fondateur de l’UPADS coïncide avec celle du 31 août 1992 marquant son investiture après sa victoire à la première élection pluraliste.

RFI

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France