Lydie-Patricia Ondziet : la renaissance d’Alkebulan et le leadership congolais pour la construction d’une identité noire et forte

Lydie-Patricia Ondziet

La mort de George Floyd aux Etats-Unis connait un grand échos dans le monde, notamment en Afrique. Quelle influence sur ce continent et comment faire de ce drame un élément fédérateur des communautés noires dans le monde et de développement des pays africains?  Une analyse sur le Congo, de notre contributrice Lydie-Patricia Ondziet – présidente de l’association La Trinité, membre du Mouvement panafricain d’Aquitaine et de la Plateforme des associations féminines de développement – illustrée par ces mots révélateurs de Martin Luther King : ” Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon, nous allons mourir ensemble comme des idiots »

Alors que la planète semble entamer le début de sa convalescence suite à la crise sanitaire du Covid-19, la très anticipée crise économique frappe maintenant de plein fouet la majorité des économies mondiales. Toutefois, bien que réelle, cette crise économique est déjà éclipsée par une crise sociale quasi globale qui est le résultat d’une politique effroyablement violente et stigmatisante à l’égard de la communauté noire à travers le monde.

En effet, la violente politique mise en place par les États étrangers à l’égard de la communauté noire n’est ni un fait du hasard ni un fait nouveau. Aussi loin que l’on s’en souvienne, le traitement de la communauté noire a toujours été une source d’indignation. L’esclavage et la colonisation ont aujourd’hui laissé place à une stigmatisation permanente qui est traduite par une incarcération massive, une rupture d’égalité des chances et une discrimination constante de la part aussi bien des individus que des pouvoirs publics locaux. Ces systèmes mis en place par plusieurs pays aussi bien développés qu’émergents ont pour unique objectif d’empêcher le développement économique et social de la communauté noire.

Les occidentaux se sont accaparés le récit de l’histoire africaine pendant trop longtemps, il est temps pour l’Afrique de se réapproprier son histoire.

Voici un contraste stupéfiant : le jour où la compagnie américaine privée SpaceX affiche sa nouvelle politique de conquête spatiale en lançant son premier vol habité dans l’espace, la communauté noire, indignée par le meurtre brutal d’un jeune noir George Floyd par la police américaine, manifeste dans les rues de New York, Sydney, Londres, Paris et Toronto en scandant : « La vie des noirs compte ». Un meurtre écœurant commis par la même police américaine qui a pour mission de veiller sur la protection de tous ses résidents sans distinction de race ou d’appartenance sociale. Nous venons tout juste d’apprendre que nos enfants avaient été réduits à l’état d’esclave en Libye, que nos enfants étudiants en Chine avaient été forcés hors de leur domicile et dans les rues chinoises et aujourd’hui nos enfants doivent se battre pour avoir le simple droit de vivre dans des sociétés dites développées. Les occidentaux se sont accaparés le récit de l’histoire africaine pendant trop longtemps, il est temps pour l’Afrique de se réapproprier son histoire.

Se tourner vers la diaspora Noire internationale: une opportunité d’exprimer le leadership africain

Au regard des crises actuelles, le Congo devrait revoir son modèle de développement économique, technologique, culturel et social tout en prenant compte de ses propres réalités et sans être systématiquement influencé par des pays dits développés pour lesquels, la notion d’égalité est parfois beaucoup plus théorique que pratique. Au vu de toutes ces crises, la République du Congo devrait saisir l’occasion d’exprimer son leadership en étant l’une des premières nations africaines à se tourner vers la diaspora internationale.

Le Congo pourrait devenir la terre des enjeux futurs en s’affirmant comme un état qui s’appuie sur sa diaspora et la diaspora noire pour développer son économie. Il est important de prendre conscience de la richesse en termes de ressources humaines, matérielles et intellectuelles que représente la diaspora africaine et afro-américaine. Les Afro-Américains sont en quête d’une identité, le Congo pourrait être un repère pour cette communauté.

Le Congo pourrait devenir la terre des enjeux futurs en s’affirmant comme un état qui s’appuie sur sa diaspora et la diaspora noire pour développer son économie.

Une politique gagnant-gagnant permettrait d’une part aux communautés afro-américaine et afro-européenne de renouer avec leur terre d’origine et de leur apporter une alternative à la discrimination constante dont ils font preuve dans leurs pays de résidence, d’autre part, la République du Congo pourrait tirer profit de ce transfert de compétences et de capitaux qui permettraient non seulement le développement économique du pays, mais aussi son rayonnement sur la scène internationale. Nous pouvons être certains que ces ressources humaines, matérielles et intellectuelles seront particulièrement convoitées par un nombre important de pays africains.

La crise George Floyd pourrait déclencher “l’affirmation d’une identité noire”

Il serait judicieux d’ouvrir le débat afin de savoir comment le Congo et la société congolaise pourraient tirer profit de la jeunesse locale, de la diaspora congolaise et de la communauté noire internationale qui est à la recherche d’une terre d’accueil. Pourquoi ne pas tendre la main en mettant en place une politique d’immigration choisie ? Cette crise pourrait être l’élément déclencheur de l’affirmation d’une identité noire forte et collective dont le Congo en serait le pionnier.

 

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Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France