COVID-19 /Congo : quelle implication des médecins de l’étranger? Réponse du docteur Patrice Binuani, chirurgien cardio-vasculaire au CHU d’Angers

Docteur Patrice Binuani au CHU d’Angers / @ Patrice Binuani

Un entretien AAFC avec le praticien hospitalier, secrétaire général de l’association des anciens de l’Institut national des Sciences de la Santé (Insssa) et des médecins congolais de France (AIMCF). 

 

 

Propos recueillis par Carmen FEVILIYE /@FeeFeviliye

AAFC : La crise sanitaire prend de l’ampleur au Congo avec officiellement à cette date 160 malades, 16 guérisons et 6 décès. Votre pays, comme plusieurs autres dans le monde, a besoin de renforts dans cette bataille. Vous, médecins congolais établis en France, avez-vous été contactés par votre ambassade pour prêter main forte ?

Dr Patrice Binuani : Non, nous n’avons pas été contactés. Toutefois, nous sommes en relation avec le département des services sanitaires de l’ambassade et nous avions déjà rencontré Rodolphe Adada, l’actuel ambassadeur, pour lui présenter notre association.

Certains faits ont nourri le reproche d’un manque d’organisation et de coordination des associations congolaises en France. Qu’en est-il du côté de l’AIMCF?

Pour contextualiser, un bref descriptif du champ d’action de l’AIMCF dont émanent trois entités indépendantes. Pour commencer nous avons l’association AIMCF, en elle-même, qui continue ses activités d’organisation de colloques, avec en mai 2018 celui sur le thème « Accident vasculaire cérébral aigu : état actuel et perspectives » qui a remporté un franc succès.  Une nouvelle réunion était prévue pour le 3ème trimestre 2020 sur le thème « Maladies chroniques et non transmissibles », mais les circonstances actuelles vont rendre son organisation probablement caduque.

Ensuite un journal écrit en ligne, La lettre médicale du Congo, une revue bisannuelle dont le Dr Patrice Serge Ganga-Zandzou et moi sommes rédacteurs en chef. Le premier numéro remonte à septembre 2015. Elle est répertoriée dans l’Index Medicus Africain, l’organe et moteur de recherche bibliographique encadré par l’OMS. C’est un journal qui est international avec des articles écrits par des médecins de nationalités du monde entier, en prépondérance africains. Ce sont des écrits qui ont une projection sur les problématiques de santé africaines, plus spécifiquement congolaises. Il y figure des articles de toutes les disciplines de santé, paramédicales ou médicales. Nous en sommes actuellement à notre 8e numéro qui était prêt à sortir courant mars 2020 et qui a été différé en raison de cette crise sanitaire.

Non, nous n’avons pas été contactés par notre ambassade

Enfin, le “Forum des professionnels de Santé Congolais”, un forum en ligne,  dont l’initiateur est le docteur Florian Diakabana, ophtalmologiste à Paris. Le Forum compte en majorité des médecins et regroupe environ 250 praticiens Congolais. L’essentiel des échanges tourne autour de la problématique de la santé au Congo. Nous y avons autant de praticiens qui exercent au Congo que de praticiens exerçant à l’étranger, notamment en France. Il a pour vocation d’être un espace de communication dont le but est de permettre la diffusion et les échanges d’informations dans le domaine de la santé. La pandémie au Covid-19 est actuellement le thème essentiel des échanges et discussions.

Vous dites ne pas avoir été contactés. Dans ce cas, comment comptez-vous mettre à profit votre expertise ?

Nous mettons notre expertise à profit par notre forum social. Le sujet de nos échanges actuels  est la prise en charge et la réaction de la communauté médicale vis-à-vis de la pandémie au Congo.  Des responsables de la cellule de crise du Covid-19 à Brazzaville font partie de ce forum. La représentante Santé de l’ambassade du Congo, Amélia Bokilo, fait également partie de ce forum et est au fait de tout ce qui se dit des discussions. Elle est donc parfaitement en capacité de nous contacter ou de poser une question par le forum pour avoir des réponses, ce qu’elle a déjà fait. Les responsables de la Task-force mise en place au Congo sont en lien de manière régulière avec nous via notre forum. L’inspecteur général de la Santé, le professeur Bileckot, qui publie régulièrement des décisions prises par les autorités de la Santé, intervient également régulièrement. Nous avons pu consulter le plan de riposte à la crise que la Task-force a publié. L’état d’esprit qui prévaut dans ce forum est de participer, d’une façon ou d’une autre, et d’apporter une aide potentielle à la prise en charge de la pandémie.

Le « Forum des professionnels de Santé Congolais »  regroupe environ 250 praticiens congolais, où l’essentiel des échanges tourne autour de la problématique de la santé au Congo

Je fais partie du nombre de praticiens qui ont proposé aux représentants de la Task-force de présenter les besoins qui pourraient correspondre à nos capacités, qui restent néanmoins limitées : nous ne pouvons envoyer du matériel à cause de la fermeture des frontières et nous ne pouvons pas aider financièrement de manière raisonnable. L’étendue du problème et les besoins financiers sont importants. Ils ne sont pas du tout du niveau d’une association. Nous, nous sommes plutôt positionnés sur des discussions et échanges pour des propositions de prise en charge, particulièrement sur le plan diagnostique et thérapeutique. Nous donnons un avis et présentons des propositions calquées sur notre pratique dans les établissements où nous exerçons.

Vous êtes secrétaire général de l’AIMCF. Quel geste concret de votre association ?

Nous pourrions faire des propositions matérielles. Mais à cause de la fermeture des frontières, comme je l’ai dit, cela reste irréalisable, comme également, pour les même raisons, aller renforcer les équipes au Congo, pour ceux qui l’auraient souhaité. A mon avis, le travail ne restera que purement intellectuel sur des propositions de protocoles, des avis sur des dossiers particuliers, pour compléter le travail fait à Brazzaville. Mais l’essentiel du travail a été fait à Brazzaville parce qu’il est adapté aux réalités  congolaises. Nous, nous travaillons dans un environnement européen, nous ne sommes en capacité de faire des propositions que si elles apparaissent pertinentes au niveau de la Task-force congolaise qui pourraient les retenir et éventuellement aménager leur stratégie.

Quel est votre avis d’expert sur la gestion faite au Congo ?

Les autorités ont établi un cahier des charges par la Task-force. Ce qui correspond à une grande partie de ce qui se pratique déjà sur l’ensemble des structures de santé de la planète et validé par les responsables de l’OMS, même s’il y’a des adaptations qu’on observe dans certains pays, notamment concernant la politique du confinement. Comme c’est le cas en Europe, toutes les stratégies ne sont pas identiques et doivent rester adaptées aux réalités socio-culturelles du pays où elles s’appliquent.

Nous ne sommes pas impliqués de manière officielle

Le Congo, comme le reste de l’Afrique, a bénéficié d’une longueur d’avance sur la gestion de la maladie. Ne pensez-vous pas que votre implication aurait pu être organisée? Serait-ce une mise à l’écart ? Quel est votre sentiment?

C’est une question ambiguë. Nous ne sommes pas mis à l’écart. Je dirais plutôt que nous ne sommes pas impliqués de manière officielle. Cela relève d’une décision politique. Comme la plupart de mes collègues médecins qui participent au forum, nous ne voulons pas faire  de la politique en critiquant la gestion du gouvernement congolais. Quelque soient nos opinions, nos lieux d’exercices, les congolais qui sont à l’extérieur, tout comme la communauté médicale congolaise, sont concernés par ce qui se passe au pays. La communauté médicale à l’étranger, si elle en avait les moyens, serait prête à s’investir. Il n’y pas d’ambiguïté. C’est un problème d’empathie vis-vis de son prochain, et ce principe est le fondement de notre métier, à mon avis.

Quelle est votre position sur l’usage ou non de la chloroquine ?

Je pense qu’il faut voir les choses de façon pragmatique. Sur un plan purement scientifique la démonstration de l’efficacité de la chloroquine n’est pas prouvée. Dans notre profession, il y’a le principe de l’Evidence based medecine (la médecine basée sur les preuves scientifiques) qui impose l’acceptation scientifique par l’observation d’un certain nombre de règles et de critères. Etant donné le contexte actuel de la pandémie, il est très difficile, dans un temps aussi court, de respecter de manière pertinente ces règles et de démontrer l’efficacité du traitement à la chloroquine. Il y’a une chose qui est factuelle que personne dans la communauté médicale ne conteste: in vitro (dans une éprouvette) la chloroquine tue le virus. Mais ce succès ne garantit pas le même effet dans un corps humain. Il faut donc des études rigoureuses sur le plan méthodologique.

Nous donnons un avis et présentons des propositions calquées sur notre pratique dans les établissements où nous exerçons.

Néanmoins, je suis d’accord avec le professeur Didier Raoult qui préconise de donner le traitement au début des symptômes. A ce stade nous sommes confrontés à l’”évolution naturelle de la maladie”, que l’on administre ou pas le traitement. Pour comprendre l’évolution  naturelle d’une maladie, prenons l’exemple de deux types de cancer à évolution différente:  le mélanome et la prostate. Le mélanome, redoutable cancer de la peau, sans traitement, tue les patients en six mois. Par contre, certains cancers de la prostate laissent vivre les patients atteints dix ans après, même si le cancer a pu doubler de taille. Il s’agit là de l’histoire naturelle des maladies et nous commençons à connaitre celle du coronavirus. Il est probable que 80% des patients sont soit asymptomatiques, ou ils développent une forme bénigne, comme un gros rhume. Ainsi sans traitement, ces patients ne feront pas de forme grave  nécessitant une hospitalisation. En revanche, ce qui intéresse les médecins, c’est les 15% des patients qui vont faire la forme grave et surtout les 5%  qui vont développer la forme critique, c’est-à-dire un syndrome de détresse respiratoire aiguë avec une incidence extrêmement importante sur les poumons, et par la suite, sur les autres organes. Ce qui va nécessiter une prise en charge lourde avec le besoin d’une ventilation artificielle en réanimation. La moitié de ces patients critiques va mourir. Il nous faut donc ne pas arriver aux stades des 20% de patients qui vont développer des formes graves, avec un risque de décès. C’est là l’intérêt du médicament.

Si, à l’issue des études, on arrivait à démontrer que la chloroquine est efficace, ne pas l’avoir utilisée  conduirait à perdre la chance de sauver des vies

Mais comment pourrions-nous le savoir si nous administrons le médicament à tout le monde? Comment expliquer que c’est la chloroquine qui n’a pas emmené le malade à développer la forme frustre? Pour arriver à démontrer que la chloroquine a réellement un effet, il faudrait sélectionner au hasard deux groupes de patients: ceux à qui l’on donne un médicament sans principe actif, c’est-à-dire un  placebo et les autres qui reçoivent la chloroquine. Et il faudrait aussi un nombre suffisant de malades pour que les tests statistiques soient formels et pertinents. Ils confirmeront ou non l’influence de la chloroquine sur l’évolution de la maladie, c’est- à- dire une diminution statistiquement significative des formes graves dans le groupe traité à la chloroquine. Ce serait la démonstration scientifique de son efficacité. C’est pour cela qu’il y’a de nombreuses études en cours, dont l’étude Hycovid menée d par les infectiologues de mon hôpital, le CHU d’Angers. Le professeur Vincent Dubée, un collègue avec qui je travaille régulièrement, en est le promoteur. Cette étude sur 1300 patients va pouvoir permettre de trancher et de clore le débat sur la chloroquine. Si, à l’issue des études, nous arrivions à démontrer que la chloroquine est efficace, ne pas l’avoir utilisée conduirait à perdre la chance de sauver des vies.

L’étude Hycovid  dont le professeur Vincent Dubée en est le promoteur, va pouvoir permettre de trancher et de clore le débat sur la chloroquine.

En revanche, sur le plan humain et politique, nous sommes face à une crise. Nous sommes démunis, nous n’avons pas de traitement. Il faut rester pragmatique. Je suis d’accord pour administrer la chloroquine aux patients aux premiers stades de la maladie. Mais il faut le faire dans un environnement médical, prescrit par un médecin, qui surveille par électrocardiogramme. Cela, tous les médecins au Congo peuvent le faire. En plus, la chloroquine est bien connue des africains. Personnellement, comme la majorité des africains, nous savons par expérience que la chloroquine ne produit pas autant de complications. Nos parents ont traité nos crises de paludisme avec ce médicament. Je n’ai pas souvenir d’un ami ou d’un parent mort à cause d’une complication cardiaque, même si nous savons, comme c’est écrit dans la notice du médicament, que la molécule provoque des complications cardiaques. Nous l’avons appris à l’école de médecine. C’est vrai que des complications cardiaques peuvent survenir, mais sur 1 cas sur 10000. Ce n’est pas cela qui doit empêcher que l’on administre la chloroquine.

Le docteur Patrice Binuani en préparation, au bloc opératoire, pour la mise en place d’une ECMO à un patient Covid-19 positif / @Patrice Binuani

Parlez-nous de votre expérience Covid à l’hôpital où vous exercez. Des conseils à vos confrères au Congo ?

Je suis un chirurgien cardio-vasculaire. L’infection à Covid-19 n’est pas une maladie du cœur directement, bien que nous ayons constaté – cela a été publié en Israël notamment – que des patients ont commencé la maladie par un problème cardiaque. Mais cela reste une infection virale qui touche essentiellement la sphère respiratoire. Ma discipline intervient en revanche dans les stades ultimes de la maladie, après échec de la ventilation artificielle et de la réanimation, lorsque les poumons sont très abîmés au point où ils n’arrivent plus à oxygéner le sang.

Dans ce cas, nous pouvons être amenés, notamment sur des patients jeunes, à proposer un dispositif qui s’appelle l’ECMO (extra-corporal-membrane-oxygénation). Nous n’utilisons plus les poumons du malade qui sont abîmés pour oxygéner le sang. Grâce à cette technique, nous utilisons plutôt un poumon artificiel (une membrane synthétique), à l’extérieur du corps, qui va oxygéner le sang.  Le patient est donc relié à la machine par des canules que nous, les chirurgiens cardiaques, implantons dans les veines du cou et de l’aine. Cette technique permet d’essayer de maintenir les gens en vie jusqu’à ce qu’une partie du poumon arrive à récupérer sa fonction d’oxygénation efficace du sang. Cette technique extrêmement onéreuse n’existe pas au Congo. Mais elle reste l’ultime recours des malades à Covid-19. Cela reste des techniques thérapeutiques de la dernière chance.

Madagascar vient de mettre au point un remède contre le Covid-19. Une information officielle mais contestée comme d’ailleurs la plupart des solutions africaines  contre l’infection. Qu’en pensez-vous?

Actuellement toutes les équipes de recherches de la planète travaillent d’arrache-pied pour trouver des solutions à la pandémie au Covid-19. Il s’agit d’une véritable course contre la montre avec des enjeux sanitaires et économiques. Le continent africain n’est pas en reste dans cette quête. Effectivement, on  évoque Madagascar avec l’IMRA (Institut Malgache des Recherches Appliquées) qui mène des recherches sur un traitement contre l’infection à Covid-19 à base de plantes médicinales. Il s’agit essentiellement de l’utilisation de l’artemisia annua qui, selon les chercheurs, aurait donné des résultats encourageants sur plusieurs dizaines de patients traités. Les responsables de l’OMS, bien que soutenant les recherches sur l’utilisation des plantes médicinales en Afrique, restent réservés quand à la solidité des preuves scientifiques ayant conduit à un tel succès.

Nous pouvons aussi citer notamment l’équipe du docteur Amadou Sall de l’Institut Pasteur de Dakar, au Sénégal, dont le laboratoire est en pointe sur les tests diagnostic au Covid-19. L’équipe travaille sur le projet de conception de test rapide. Actuellement, il faut minimum 3 heures pour réaliser un test. Avec le nouveau procédé, il ne faudra plus que 10 minutes. Mené grâce à la collaboration de la société britannique Mologic et de la société sénégalaise Diatropix, ce projet pourrait, à terme, permettre  de fabriquer plusieurs millions de tests et approvisionner plusieurs pays africains.

Il serait important que les travaux africains  soient protocolés dans des études prospectives et qu’ils fassent l’objet de publications dans des revues scientifiques de renom afin d’informer la communauté médicale de la planète.

Enfin nous évoqueront l’apivirine, médicament à base de plantes breveté par le docteur Valentin Agon, chercheur béninois. Ce produit a été initialement conçu comme anti-viral contre l’infection à VIH. Il semble que son administration dans les infections à Covid-19 soit prometteuse. Des patients auraient été traités avec succès au Burkina Faso, en France, en Italie et aux Etats-Unis. Ces différentes initiatives sont à l’honneur de l’Afrique. Il serait important que ces travaux soient protocolés dans des études prospectives et qu’ils fassent l’objet de publications dans des revues scientifiques de renom afin d’informer la communauté médicale de la planète.

La communauté congolaise en France compte de nombreuses victimes…

Oui c’est vrai, nous avons remarqué que la maladie avait touché de nombreux compatriotes ici en France, je le déplore et compatis à la peine des proches.  Mais je vais paraître froid en parlant de « statistiques »: il est évident que si dans une communauté  le Covid-19 tue 2% de la population, à 100 personnes, il y’aura au moins 2 morts. Peut-être que dans un an lorsque nous aurons compris les subtilités de la maladie, mon opinion est qu’elle sera confinée à des statistiques qui correspondront à une forme de grippe. Mais pour l’instant, comme c’est un virus nouveau, et que les populations n’ont jamais été confrontées à ce type de virus,  la prise en charge est beaucoup plus difficile, l’immunité des patients est moins aguerrie.  C’est ce qui peut expliquer la surmortalité.

Par ailleurs, la mortalité est un autre problème, car  qu’elle soit au Congo ou ailleurs dans le monde, elle est très difficile à évaluer. La létalité, qui est l’impact des décès que la maladie provoque, est obtenue par rapport au nombre de personnes victimes de la maladie et non par rapport à la population totale du pays, qui elle, constitue la mortalité. Prenons l’exemple du Congo au 7 avril 2020, avec 60 cas de Covid-19 diagnostiqués et 5 décès, la létalité est de 8.3%.  En revanche, ces décès rapportés à la population du Congo donne une mortalité de 0,0001%. Il faut ainsi relever que les personnes asymptomatiques ne pouvant pas être répertoriés, elles ne sont donc pas comptées dans ces statistiques. Le taux de létalité est ainsi tronqué et certainement beaucoup plus bas. Mais comme le dit la maxime : « La raison d’être des statistiques, c’est de vous donner raison. »

Docteur Patrice Binuani / @Patrice Binuani

 

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France