Diaspora Entrepreneurship : le programme de Pape Wane atteint sa vitesse de croisière

L’édition 2019 de la compétition phare au Mali de porteurs de projets qui encourage les jeunes de la diaspora africaine à entreprendre dans leurs pays d’origine,  a eu lieu le 12 avril au siège du SIAAP, à Paris. Près d’une dizaine de projets ont été mis en compétition dans une salle comble.

Cette année, Diaspora Entrepreneurship s’est élargi avec la Côte d’Ivoire et le Sénégal, comptant désormais 5 pays participants (Mali, Burkina Faso, Côte d’Ivoire et Sénégal). Un fait encore remarquable : la participation de femmes avec quatre projets innovants.

Diaspora Entrepreneurship  est une initiative  créée par le malien Pape Oumar Wane, fondateur et directeur général de Diaspora Sud Vision (DSV). En France, le programme est porté par Pierre Auriacombe, administrateur, président de la commission des Finances  du SIAAP et Maître Lewis Nsalou Nkoua, avocat au Barreau de Paris, et de manière notable, soutenu par le SIAAP, le syndicat interdépartemental pour l’Assainissement de l’agglomération parisienne. Présidant la cérémonie, Pierre Auriacombe a commencé par montrer les actions du syndicat en Afrique : « Le SIAAP est le partenaire fort de la coopération décentralisée qui aide les pays en voie de développement par la construction d’usines de traitement des boues et de toilettes sèches », justifiant cette action par un intérêt commun à développer le continent africain.

Sur cette lancée, Pierre Auriacombe a félicité l’initiative de Pape Wane de permettre aux jeunes « de faire du business » entre l’Afrique et la France, avant de laisser la parole à Maître Lewis Nsalou Nkoua, qui s’est adressé aux porteurs de projets en ces termes: « Auprès de « Diaspora Entrepreneuship » et de « Diaspora Sud Vision », nous intervenons pour des questions de droit de société et de droit des contrats de manière générale. Nous sommes à votre disposition pour vous apporter notre regard et un appui technique. Aujourd’hui nous croyons que les gouvernements africains, de manière générale, accordent de plus en plus d’importance aux PME et aux petites structures. Mais le problème que nous avons avec l’Afrique, c’est que les grands marchés publics, les contrats de partenariat public-privé – PPP- sont remportés par les grands groupe qui prennent tous les gros marchés. Le but est de donner la chance aux startups, aux PME et petites structures, qui pourront  demain répondre aux appels d’offres sous la forme d’allotissements ou de groupements conjoints momentanés. Nous sommes avec vous également pour donner de l’élan juridique, du vécu, du sens à tout ce que vous faites, pour que demain, vous ayez les moyens pour avoir accès aux gros contrats et développer vos projets. »

La dizaine de projets innovants mis en compétition touchent les domaines de  l’éducation, la santé, l’environnement, la formation, l’urbanisme et l’alimentation.

Prenant la parole à son tour, Pape Wane a démontré que la diaspora  est un acteur clé du développement du continent africain, mettant toutefois en avant  les difficultés de financement que rencontrent les porteurs de projets. Une difficulté que l’entrepreneur malien a réussi à surmonter grâce au partenariat de la Banque mondiale – qui intervient de manière stratégique – et de la banque Atlantique implantée dans les trois pays d’Afrique participants. « Notre objectif est d’offrir une solution innovante d’accompagnement aux porteurs de projet en les encadrant avec des professionnels expérimentés qui connaissent le terrain et partagent leur réseau. Nous apportons aux lauréats une garantie de financement via nos partenaires. Le programme s’engage à financer les projets à hauteur de 150 millions de francs CFA selon les besoins des lauréats», a expliqué Pape Wane avant remercier Pierre Auriacombe et Maître Lewis Nsalou Nkoua de leur implication dans la naissance de Diaspora Entrepreneurship.

 

Pape Wane s’est confié à AFC sur son programme. Interview.

AFC : Des candidats viennent de présenter leurs projets. Quelle en est la suite ?

Pape Wane (P.W.): Les candidats se rendront dans leur pays d’origine, au Mali, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, où un accompagnement sera mis en place. Ils seront placés dans des incubateurs, coachés  avec des mentors ensuite mis en relation avec des entreprises partenaires qui sont dans les pays d’origine. En même temps, ils seront évalués pays par pays. De là sortira  la personne qui porte le meilleur projet.  Les meilleurs projets seront ainsi financés par la banque Atlantique, une banque sous-régionale représentée dans les trois pays.

AFC: Comment l’idée d’accompagner les jeunes africains vous est-il arrivé ?

P.W. : L’idée de me tourner vers l’entrepreneuriat des jeunes m’est arrivée à l’occasion de mon retour au Mali et d’un projet que j’ai réussi à monter sur place. J’ai été  ainsi approché de manière récurrente par des compatriotes que j’ai inspirés et qui avaient besoin d’accompagnement pour réaliser leurs projets au Mali. Ces  compatriotes  ne souhaitaient plus rester en Europe. Lorsque j’ai mûri le projet, je suis entré en contact avec un ami directeur de banque qui s’est proposé de m’accompagner dans cette nouvelle aventure qui a commencé en 2016.

AFC: Quels sont les cas de réussites au Mali ?

P.W: Aissata Diakité, fondatrice de Zabbaan Holding, notre lauréate lors de la première édition ! Elle produit du jus de fruit local et bio sur place au Mali. Je suis fière d’elle. C’est une lionne, une femme qui se bat. Son produit connait beaucoup de succès et inonde les grandes surfaces au Mali, en France, et est également consommé dans les avions. Je suis fier parce que mon programme a permis de la financer.

AFC: Comment expliquez- vous la participation de femmes cette année ?

P.W: Par rapport à l’année dernière, nous les avons cette fois préparées. Nous les avons simplement mises en confiance devant la caméra et le jury. Nous les avons préparées pour qu’elles se sentent également au même pied d’égalité que les hommes.

 

Au Mali, Diaspora Entrepreneurship est une institution

Une télé-réalité qui remporte un franc succès.  L’édition 2018 a connu  un total de 153 candidats,  dont dix ont été sélectionnés pour participer aux sessions finales, qui se sont tenues à Bamako en juillet et août et qui ont fait l’objet de cinq émissions télévisées diffusées sur l’ORTM – la chaîne nationale du Mali – auprès de millions de téléspectateurs.

Soukeyna Kane, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Mali, la Guinée, le Niger et le Tchad, le partenaire stratégique du programme, s’était exprimée en cette occasion : «L’efficacité de “Diaspora Entrepreneurship” repose sur les synergies crées par les organisateurs du projet avec le partenaire financier, les structures institutionnelles et les incubateurs. C’est un véritable cas d’école d’un écosystème favorable aux entrepreneurs de croissance ». 

Les conditions de sélection

Posséder la double nationalité française et être originaire de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Mali ou du Burkina-Faso et être en possession d’un titre de séjour en France en règle. A cela s’ajoutent d’autres conditions : avoir moins de 46 ans, domicilier son projet dans l’un des pays concernés  – le Mali, la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Burkina-Faso – et  formuler un projet de développement économique et durable à fort potentiel de création d’emplois dans l’agro-industrie, les nouvelles technologies de l’Information et de la Communication (NTIC), les mines, les BTP, l’environnement, les énergies renouvelables et l’artisanat. Depuis sa création en 2016, déjà sept entrepreneurs d’origine malienne ont été financés par le programme Diaspora Entrepreneurship.

 

Carmen FEVILIYE

 

 

Photos AFC: Pape Wane, Pierre Auriacombe et Maître Lewis Nsalou Nkoua à l’issue de la cérémonie; Une vue de la salle pendant l’allocution de Pape Wane

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France