RDC : Martin Fayulu appelle à rejouer les élections dans un délai de six mois

Ses voies de recours étant épuisées en RDC, Martin Fayulu, opposant et candidat malheureux face à Félix Tshisekedi lors de la présidentielle du 30 décembre 2018, a appelé l’Union africaine à créer un « comité spécial » pour la vérification de la « vérité des urnes », et à refaire les élections dans six mois maximum.

C’est par une lettre émise le 8 février, dont Jeune Afrique a pu obtenir une copie, que l’opposant Martin Fayulu a appelé à « refaire les élections dans un délai de six mois (présidentielle, législatives nationales et provinciales) », écrit-il dans sa correspondance.

Le candidat malheureux à la présidentielle du 30 décembre 2018, qui conteste toujours la victoire de Félix Tshisekedi, a ainsi saisi les chefs d’État et de gouvernements africains – réunis à Addis-Abeba pour le 32e sommet de l’Union africaine (UA) -, et proposé à l’organisation panafricaine de créer « un comité spécial de l’Union africaine pour la vérification de la vérité des urnes en RDC afin de lever le voile sur le vrai président de la République ainsi que les vrais députés élus ».

Si l’Union africaine semble avoir définitivement tourné la page des élections congolaises, en désignant le 10 février Félix Tshisekedi deuxième vice-président de l’UA, l’opposant autoproclamé « président légitime de la RDC » juge néanmoins sa proposition « réaliste », comme il le certifie à Jeune Afrique. « L’Union africaine sait elle-même que Mr. Félix Tshisekedi, qui prend part à son sommet, n’a pas été élu », soutient-il.

« Les Congolais ne croiront plus aux élections »

L’opposant a introduit sa correspondance par une lourde charge à l’encontre de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni)qui, dans un « souci de pérennisation du système Kabila (…), a tout simplement fabriqué des résultats qu’elle a publiés en ignorant de manière cynique la souveraineté du peuple congolais », écrit Martin Fayulu.

Si les élections ne sont pas rejouées, prévient-il, « les Congolais ne croiront plus aux élections et ce sera une défaite pour la démocratie qui aura des répercussions au-delà de la République démocratique du Congo ».

C’EST MÉPRISER LA VOLONTÉ DU PEUPLE CONGOLAIS ET CONDAMNER LA RDC À L’INSTABILITÉ

Pour l’expéditeur, cautionner ce « passage en force au nom d’une hypothétique stabilité, c’est mépriser la volonté du peuple congolais et condamner la RDC à l’instabilité ».

Une requête « peine perdue »

Dans le camp Tshisekedi, la requête de l’ancien allié Fayulu a été accueillie sans trop d’attention. « C’est une perte de temps. Nos amis n’ont qu’à s’organiser autrement, croire qu’on peut organiser des élections dans six mois, c’est de la folie, déclare à Jeune Afrique Rubens Mikindo, secrétaire général adjoint du parti de Tshisekedi, l’Union pour la démocratique et le progrès social (UDPS). Ils ont pas été incapables de nous présenter des preuves de leur prétendue victoire. C’est peine perdue ».

Le candidat de la coalition Lamuka avait saisi en vain la Cour constitutionnelle congolaise, qui avait rejeté le 20 janvier son recours, en le considérant comme « non fondé ».

La semaine dernière, le candidat malheureux a saisi la Cour africaine des droits de l’Homme et des Peuples pour réclamer « la vérité des urnes ».

 

Par – à Kinshasa

 

Jeune Afrique

Martin Fayulu, lors d’une conférence de presse à son QG, à Kinshasa, le 10 janvier 2019. © Pascal Mulegwa pour Jeune Afrique

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France