Congo-Brazzaville : le FMI conditionne son soutien à des réformes en matière de gouvernance

Si la mission du FMI a conclu un accord avec le gouvernement congolais sur le contour d’un programme de réformes, le soutien de l’institution de Bretton Woods est conditionné à « des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance ».

Selon le Fonds monétaire international (FMI), « la mission a conclu un accord avec les autorités de la République du Congo sur le contour des politiques qui pourraient être soutenues par un arrangement financier ». Cette proposition de programme vise à promouvoir l’activité économique « en rétablissant la viabilité budgétaire et en améliorant la gouvernance ».

D’après le gouvernement du Congo-Brazzaville, ce programme s’articulerait autour de cinq piliers : l’ajustement budgétaire, soutenu par une restructuration de la dette publique ; la sauvegarde de la stabilité du secteur financier ; le renforcement de la gouvernance ; l’amélioration des capacités statistiques et enfin des réformes structurelles telles que le renforcement du climat des affaires, la diversification économique, l’intégration régionale…

L’initiative est soutenue par d’autres bailleurs multilatéraux, tels que la Banque mondiale et la Banque africaine de développement (BAD), et bilatéraux. La France a ainsi promis 135 millions d’euros, une aide conditionnée à la conclusion du programme avec le FMI.

Situation de crise économique

Pour expliquer la situation de crise actuelle, si les autorités congolaises mettent en cause « la chute drastique des cours du pétrole », l’institution financière internationale insiste aussi sur « des défis importants liés à la gouvernance ».

« Les faiblesses dans la gouvernance et la lutte contre corruption ont exacerbé les lacunes dans la mise en œuvre des lois et règlements et les vulnérabilités économiques », explique le FMI.

Fin décembre 2017, la dette a atteint 127 % du PIB

Le Fonds a réévalué en août 2017 la dette publique du Congo à 110 % du PIB, soit plus de 9,1 milliards de dollars – contre 77 % précédemment. Selon Fitch, l’endettement public pourrait être encore plus élevé, l’estimation du FMI n’incluant ni les arriérés de paiement ni la dette litigieuse. « Fin décembre 2017, la dette a atteint 127 % du PIB », précise Lucie Villa, qui suit le pays pour l’agence de notation Moody’s.

Restructurer la dette publique

Les autorités congolaises précisent par ailleurs que « les négociations avec les créanciers ont d’ores et déjà été initiées, conformément aux recommandations du FMI, dans le but de restructure la dette du pays ».

La Primature congolaise explique en effet dans un communiqué que la restructuration de la dette se fera en excluant les créanciers multilatéraux et prendra en compte « les efforts consentis par le passé par les créanciers ayant participé à l’initiative PPTE ». Enfin, « aucun nouvel effort se sera donc demandé aux porteurs de l’Eurobonds à échéance 2029, ainsi que l’emprunt obligataire sous-régional à échéance 2021 ».

« Dans le traitement de la dette intérieure, les autorités seront particulièrement attentives à la sauvegarde des régimes sociaux, la protection des acteurs économiques locaux […] et la sécurisation du système bancaire ».

Améliorer la gouvernance

Interrogée, lors d’une conférence de presse, sur la situation du Congo-Brazzaville, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde a précisé que « c’est à l’issue du conseil d’administration que l’on saura exactement quels sont les financements et quelles sont les conditions associées à ce programme ».

Nous avons des exigences en matière de gouvernance

« Nous avons des exigences en matière de gouvernance qui devront être mise en place très vite après l’approbation du conseil d’administration et qui nous paraissent de nature à garantir une bonne utilisation des financements publics et la bonne réalisation des objectifs du programme » a-t-elle ajouté.

« Les autorités devront entreprendre des réformes audacieuses et immédiates dans le domaine de la gouvernance pour traduire en action la rupture avec les politiques et pratiques du passé proclamée par le gouvernement », précise le communiqué du FMI, en indiquant que « une participation forte de la société civile sera cruciale pour le succès des réformes de gouvernance ».

Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international en mars 2018. © Markus Schreiber/AP/SIPA

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A propos CARMEN FEVILIYE 808 Articles
Juriste d’affaires Ohada / Journaliste-Communicant/ Secrétaire Générale de l'Union de la Presse Francophone - UPF section France